L'eau est claire ce matin

(…) Insensiblement, amples rotations et profondes goulées,  j’arrive à du plus proche, à une grande lenteur. Debout, la bouche ouverte au seuil du dehors, arrêtée, je suis là.

Les courants nets, les masses franches qui me portaient l’instant d’avant ont fait place à un frémissement subtil qui parle à chaque pore. Brouhaha, babil joyeux, fébriles lallations, ça chatouille, interroge, contredit en tous sens. Immobile, dans la palpitation involontaire, je me sens répondre simplement à ce monde de mots silencieux qui disent très précis le moindre atermoiement, la curiosité brouillonne et insistante de l’eau qui me visite. J’écoute, les bras le long du corps. Sensible. Attentive. L’immensité afflue dans le mouvement infime de la respiration. Inerte. Confondue. Vivante. Eternelle.

MyR