Faire confiance

Faire confiance. Oser se faire confiance.

Nous vous avions adressé début janvier notre dernier « Courrier » où nous vous annoncions la parution de notre page « Ecritures » sur le site. Elle n’est vraiment pas arrivée au meilleur moment pour que vous l’accueilliez.

Aujourd’hui, à distance de ces évènements qui ne peuvent laisser indifférent, et pour toutes les raisons qui font que notre association existe, nous tenons à redire ce qui fonde notre proposition.

Nous le savons tous, l’eau n’est pas magique : simplement, quand on la rencontre avec adpa, elle va tranquillement inviter chaque part de nous-même à se laisser interroger, visiter. L’eau telle que nous avons le souci de la présenter arrondit les angles et permet d’envisager autrement son rapport à soi, son rapport à l’autre. Cette eau-là transforme ce qui nous bloque pour redonner mobilité, ce qui nous agite pour accéder à un état paisible. Elle ouvre nos bras, apaise notre respiration, assouplit chaque mouvement. Les chocs sont amortis, ce qui faisait violence est adouci. C’est troublant d’assister à cette délicate émergence d’une personne, inchangée et différente, plus présente à ce qu’elle ressent, à ce qu’elle vit. Le regard s’en trouve modifié sur ce qui nous traverse.

Dans l’eau, on pense très autrement : la pensée née de l’eau est circulaire, elle prend source dans le corps, elle voyage et n’emprunte plus la ligne droite d’une logique cartésienne : a + b ne fait pas toujours c… Les objectifs premiers s’en trouvent modifiés, révisés, réévalués, rééquilibrés. Et le rapport à l’autre bénéficie de ce temps qui se développe lentement, doucement et rétablit les priorités. Dans ce lieu extraordinaire, les différences peuvent s’entendre, cohabiter, jouer aussi, sans faire empêchement. Ces écarts peuvent aussi faire naître cette touche d’humour qui aide à nous sentir mieux vivant, aborder autrement les épreuves.

Certes le monde autour perdure, avec ses fracas, ses certitudes apparentes, proclamées, imposées, son rythme effréné. Nous n’en sommes pas coupés. Nous ne le changerons pas, nous n’y suffirons sûrement pas, pauvres petits soldats éphémères et dérisoires ! Mais de ce temps passé là, de sa traversée, chacun peut emporter une part de tendresse avec soi, la partager avec son voisin, porter un regard élargi, renouvelé, sur ce qui nous relie, nous fait libre et solidaire, attentif et précautionneux, léger et créatif. Chacun peut réviser son intention, la valeur de ses projets et cerner ce qui est important : le sens qu’il souhaite donner à sa vie.

Enfin, « au-delà du principe d’archimède », bien au-delà de cette simple et modeste expérience demeure l’essentiel : nous sommes tous humains, fragiles, incertains, faillibles, hésitants, mais résistants, tenaces, à l’écoute du monde, un monde très proche, immensément grand. Nous aimons à dire que nos temps d’adpa avec les enfants les aide à grandir : et s’il en était autant pour les déjà « grands » ?

Et alors peut-être, trouvera-t-on la façon la plus juste pour soi de participer activement à la construction d’espaces apaisés, où trouver la force nécessaire pour poursuivre le chemin avec les autres. Car nous avons tous à faire quelque chose, à notre mesure, avec ce monde autour, et tous nous participons volontairement ou non à son équilibre. Utopie, sans doute, mais j’aime à m’en nourrir.

Nous vous invitons maintenant, en ce début février, à découvrir les textes que nous vous proposons comme autant de petites bulles susceptibles d’alléger autant que l’eau qui les a suscitées, rondes, légères.

 

Paul Fernandez et Maryvonne Rouillier

Le 2 février 2015